DRAPEAUX LEVÉS DANS LES KÔVILS POUR LE DÉBUT DU CAVADEE

Le “Kodi Ettram”, le lever du drapeau dans les Kôvils de l’île, ce vendredi 15 janvier, marque le début du carême intense qui culminera à la célébration du Thaipoosam Cavadee du dimanche 24 janvier 2016.


Photo via facebook : Rathinam Wilfried Lamoly.
Photo via facebook : Rathinam Wilfried Lamoly.
Plus grand événement du calendrier tamoul, le Thaipoosam Cavadee symbolise la victoire du dieu Murugan sur le mal et les dix jours de carême qui précèdent sont l’occasion pour les fidèles de se recueillir dans la piété. 

Pendant cette période sacrée, les fidèles font vœu d’abstinence à tout plaisir terrestre et disent des prières dans les kovils tous les soirs pour montrer leur attachement et leur dévouement à Murugan. Ils se préparent physiquement et spirituellement pour le lever du Cavadee au 10ème jour.

C’est seulement au bout de onze jours, soit après la descente du drapeau, le “Kodi errakkam”, qu’il reprend une vie normale. Mais bien sûr en étant une meilleure personne après s’être purifié l’âme et le cœur en chassant tout mauvais sentiment tels l’orgueil, la haine ou l’envie pendant cette période. 

Les prières ont lieu la nuit pour ne pas bouleverser les fidèles dans les responsabilités professionnelles ou scolaires. 

Tournée dans le quartier : 

Sur le drapeau, on peut apercevoir un coq qui symbolise la victoire de Murugan sur le mal. 

Parmi les rituels, après une prière pour transférer la force et la beauté du dieu Murugan représenté par une statue en pierre noire dans le kovil, les dévots transportent une version mobile sur leurs épaules pour faire le “Koyil Vallam” soit le tour du temple. Les fidèles s’imprègnent de lui. Pour ceux qui ne peuvent se rendre au temple pour des raisons de santé, une soirée est consacrée au “Ourl vallam”, soit une marche dans le village où Murugan va vers eux. Les familles font alors leurs offrandes à Murugan devant leurs portes. 

Après chaque tournée, on revient à l’intérieur du kovil pour poursuivre les prières. Ce n’est pas seulement le prêtre qui fait les prières, mais les fidèles aussi. Ils demandent tout ce qu’ils souhaitent : guérison, bénédiction, prospérité etc., bref tout pour avoir une vie meilleure. D’autres font tout simplement l’éloge de Murugan pour lui démontrer leur amour. 

Demi-cercle en bambous : 

La veille ou deux jours avant le grand jour, les fidèles construisent leur cavadee, une structure en bambous, en demi cercle, qu’ils porteront sur les épaules. Aux deux extrémités du cavadee, ils pendront deux petits “sambous”, des pots en cuivre remplis de lait. Les hommes portent le plus souvent le cavadee alors que les femmes, un gros samboo, contenant trois litres de lait sur la tête. 

Les fidèles construisent leur cavadee et le décorent comme ils le souhaitent mais en maintenant la couleur traditionnelle, le rose. Il n’y a pas d’âge fixe pour porter le cavadee mais souvent, les enfants portent un vel et ou un petit samboo.

Le jour du cavadee, le rendez-vous est donné très tôt au temple. Les fidèles se préparent avant de converger, pieds nus, vers une rivière. Ils s’attachent la bouche ou se transpercent la langue avec des aiguilles, pour éviter de parler. Les dévots portent des vêtements traditionnels et doivent s’habiller décemment. Se faire transpercer la langue et garder le silence est aussi une démonstration de foi.

Après le bain à la rivière, les fidèles reviennent au temple. Le lait frais que les porteurs de cavadee transportent dans les pots en cuivre doit rester potable. En arrivant au temple, ont déverse une partie du lait sur la statue de Murugan. Le lait est récupéré et redistribué aux fidèles. 

Après la cérémonie, les fidèles rentrent chez eux pour un repas végétarien en famille. Le lendemain, a lieu le “Kodi errakkam”, ou le soir même après quoi la vie reprend son cours normal.  

Photo de l'Île Maurice via facebook : Anthony Mouty.
Photo de l'Île Maurice via facebook : Anthony Mouty.
Raison historique : 
Le “Kodi Ettram”, soit le lever du drapeau marque le début du carême intense du Thaipoosam Cavadee, et le “Kodi errakkam”, soit quand ont lieu la descente du drapeau et les grandes prières quotidiennes, ont lieu dans la grosse majorité des kovils de l’île le soir. 

Les Tamouls venus à la Réunion à l’époque coloniale étaient notamment des artisans et étaient payés par l’allocation des denrées tels le riz et les grains secs. Ils étaient attachés à leur culture et leur religion et s’ils s’absentaient du travail un jour, on leur coupait les vivres pour trois jours, c’est pour cela que les célébrations avaient lieu le soir. 

Cela leur permettait de travailler sur la propriété dans la journée. Il relève que toutes les propriétés de l’île comptaient leur Kovil. 

Koyil illarda ouril koudi yiroukka vendorm (ndtr : un Tamoul ne vit pas dans un lieu où il n’y a pas de Kovil). C’est un principe de la communauté. Aujourd’hui, la plupart des kovils ont maintenu la pratique traditionnelle nocturne du lever du drapeau. Le soir, les prières ne durent pas trop tard non plus, pour ne pas perturber les fidèles dans leurs activités professionnelles et scolaires dans la journée.



        

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