Les Upanishads et la Bhagavad Gita évoquent le voyage de l’âme après la mort ainsi que l’importance de ces rituels. Le Shraddh annuel est généralement accompli pendant la période du Dakshinayana (de juillet à décembre). La Prashna Upanishad indique que les rituels effectués lors de la première Amavasya de Krishna Paksha durant le Dakshinayana atteignent directement les âmes des défunts. Dans le sud de l’Inde, cette première nouvelle lune après le début du Dakshinayana est considérée comme particulièrement propice pour accomplir le Shraddham.
Le Shraddh doit être accompli avec une attitude pieuse. La personne qui réalise le rituel doit prendre conscience que sa naissance, son corps, son savoir, sa richesse et ses valeurs sont dus aux ancêtres. Tout ce qui est possédé aujourd’hui a été transmis par les générations passées. Le rituel devient ainsi une forme de reconnaissance et de gratitude. Les hommes comme les femmes peuvent accomplir ces rituels.
Les rites, y compris le Pind Daan (offrande de boulettes de riz), atteindraient les ancêtres grâce aux rayons du soleil. Il est dit qu’une année humaine équivaut à un jour pour les défunts, et que ceux-ci jouissent ainsi des bienfaits du Shraddh pendant une année entière.
Une autre croyance affirme que les âmes des morts reposent en paix dans le Pitru Loka (monde des ancêtres) grâce aux rituels accomplis par leurs enfants ou proches. En retour, elles bénissent les vivants, les aidant à mener une vie harmonieuse sur Terre.
Nourrir les pauvres le jour du rituel est tout aussi essentiel. Lors de ces cérémonies, on distribue généralement nourriture et vêtements aux plus démunis.
Ces rituels sont souvent accomplis au bord des rivières ou en bord de mer. Il existe également des temples en Inde consacrés à ces rituels, comme le célèbre temple Vishnupad à Gaya, dans le Bihar. Dans certaines régions, on invite les corbeaux à se nourrir des galettes de riz, considérées comme des offrandes aux ancêtres.
La méthode peut varier légèrement d’une région à l’autre, mais l’essence du rituel reste la même.
Il est du devoir de tout hindou d’accomplir le Shraddh pour ses ancêtres disparus.
ORIGINE DU PINDA DAAN – LE CULTE DU PINDA DANS LE SHRADDH
L’origine du Pindadaan, ou culte du Pinda (boulette de riz), fait partie intégrante des rituels de Shraddh et se trouve dans le Shanti Parva du Mahabharata. C’est l’incarnation Varaha du Seigneur Vishnu qui aurait introduit ce concept dans le monde. Le mot Pinda désigne une boule de riz.
Selon la légende, Varaha créa trois Pindas à partir d’une dent molaire, qu’il plaça sur de l’herbe Darbha orientée vers le sud. Ces trois Pindas représentent respectivement le père, le grand-père et l’arrière-grand-père.
Il accomplit ensuite un culte rituel en les offrant avec des graines de sésame (Til). C’est ainsi que débuta le culte des ancêtres décédés sous la direction de Varaha. Le Pindadaan est mentionné dans le Yajurveda et le Grihya Sutra.
TILODAKA – L’EAU SACRÉE AU SÉSAME DANS LE SHRADDH
Le Tilodaka est une eau mélangée à des graines de sésame (Til) utilisée dans le rituel du Shraddh. Chargée de mantras, cette eau a une importance particulière.
On croit que cette eau attire l’attention des ancêtres dans le monde des Pitru. Une sorte de vortex d’énergie se crée dans le récipient, facilitant l’arrivée des pitrus (esprits des ancêtres) dans le monde terrestre. Les cinq éléments (Pancha Bhutas) qui composent le corps humain sont également représentés à travers les graines de sésame dans le Shraddh.
IMPORTANCE DE L’HERBE DARBHA DANS LES RITUELS
La Darbha – aussi appelée Kusha, Darbhai ou Durva – est une herbe sacrée d’une grande importance dans les rituels liés aux défunts. Elle émet une énergie positive qui favorise les particules sattviques (pures) tout en neutralisant les énergies rajasviques et tamasiques (liées à la passion ou à l’inertie). Ainsi, l’âme du défunt peut absorber seulement l’énergie pure.
En créant une atmosphère spirituellement favorable, la Darbha permet au rituel d’être plus efficace et plus rapide. Si un élément essentiel manque pendant le Shraddh, il peut être symboliquement remplacé par la Darbha avec sa racine. Cette herbe, lorsqu’elle est arrachée avec la racine, aide les ancêtres à triompher dans le monde des morts (Pitruloka).
UTILISATION DE L’AKSHAT DANS LES RITUELS
L’Akshat ou Akshata désigne le riz entier non cassé, utilisé dans les rituels de Shraddh et de Tarpan dédiés aux ancêtres. Il est également employé dans de nombreuses autres cérémonies hindoues.
Dans le Shraddh, le prêtre utilise l’Akshat pour bénir la personne ou la famille ayant accompli le rituel, en aspergeant le riz. Seuls des grains entiers de riz ou d’orge peuvent être utilisés à cet effet.