POURQUOI LES CANDIDATES AU CONCOURS MISS INDIA ONT TOUTES LA MÊME TÊTE

Samedi 15 juin, le concours annuel Miss India va couronner la plus belle femme du pays. On sait déjà à quoi ressemblera la gagnante : les 30 participantes sont pour ainsi dire des copies conformes… Un montage photo de leurs portraits, disposés côte à côte en Une du Time of India, illustre le manque de diversité dans ce concours.


L’Inde est un pays immense qui compte 1,3 milliard d’habitants et plus de 2 000 groupes ethniques. Pourtant, les candidates au concours de beauté Miss India semblent avoir toutes été formées dans le même moule. La semaine dernière, les 30 portraits ont été publiés en Une du journal Times Of India et la ressemblance est frappante. Elle n’a pas échappé aux internautes.

« Elles ont toutes les mêmes cheveux et la même couleur de peau, et je suis prête à parier qu’elles font la même taille et que leurs mensurations sont aussi similaires. Elle est belle la « diversité » de l’Inde », dit cette internaute. « L’Inde aime tellement la peau blanche que les différentes nuances de teint sont réduites à un même blanc, en un coup de Photoshop », souligne un autre internaute.

Un manque de représentativité

Les portraits publiés en Une du journal indien ont effectivement été retouchés, confirme à la chaîne britannique BBC Shamita Singha, une ancienne reine de beauté qui fait la promotion de ce concours. Cependant, même sans ces retouches, les candidates restent très similaires. En un mot, elles ne sont pas du tout représentatives de la diversité en Inde.

Depuis des années, le concours de beauté Miss India « renvoie l’idée qu’il faut égaler les standards de beauté occidentaux pour gagner », explique à la chaîne américaine CNN Radhika Parameswaran, professeure à l’Université des médias et sciences de l’information à Bloomington dans l’Indiana.

« On force des participantes venant de diverses ethnies à concourir autour d’un standard de beauté universalisé à la peau claire. Il est impossible de savoir de quelle région elles viennent sans lire la légende », se désole au micro de France 24 Fatima Lodhi, la créatrice de la campagne « Dark is Divine ».

Le problème du colorisme

Cette campagne vise à militer contre le colorisme, qui consiste à discriminer les personnes en fonction de leur couleur de peau et d’attribuer une plus grande valeur aux personnes à la peau claire.

Pour Fatima Lodhi, l’obsession pour la peau blanche est un héritage du colonialisme (l’Inde a pris son indépendance en 1947). « Ce pan de l’histoire a laissé le peuple indien avec un sentiment d’infériorité concernant ses caractéristiques natives, comme la façon de s’habiller, le langage et bien sûr la couleur de peau. Ensuite, le capitalisme a pris le relais », explique la militante.

Le marché des produits qui éclaircissent la peau explose en Inde. La vente de crèmes blanchissantes augmenterait de 18 % chaque année, malgré les avertissements de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Selon l’organisation, du mercure retrouvé dans plusieurs crèmes et savons blanchissants entraînerait des problèmes de peau, aux reins, et favoriserait des problèmes de santé mentale, comme l’anxiété.

Depuis quelques années, des voix s’élèvent contre ces produits. Par exemple, l’actrice de Bollywood Nandita Das les critique sans filtre. « Les femmes manquent d’estime de soi à cause des publicités [pour ces produits] », confiait-elle par exemple à l’agence de presse IANS à l’automne dernier. Un autre acteur très populaire, Abhay Deol, a récemment tourné en dérision ce genre de produit et défendu la peau foncée. « Nous ne sommes pas un pays raciste ! », prévenait-il.




        


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