CORONAVIRUS EN INDE : DEUX MORTS POUR UN MILLIARD D'HABITANTS ?

Le géant asiatique affiche une étonnante résistance à la progression du virus. Mais plusieurs experts appellent à la relativiser et à redoubler d’efforts pour prévenir sa diffusion. Un miracle en trompe-l’œil ?


Seulement deux morts et une centaine de personnes infectées pour 1,3 milliard d’habitants, selon les chiffres officiels. L’Inde a de quoi se réjouir de l’avancée très lente de la pandémie sur son territoire.

Raison la plus mise en avant ? Les rapides mesures d’isolement décidées par le gouvernement. Dès janvier, le pays fermait ses lignes aériennes avec la Chine, où résident environ 100 000 Indiens. L’Inde a, depuis, progressivement clôt ses frontières avec tous les pays du monde. Le sous-continent est aussi moins ouvert aux grands échanges mondiaux pilotés par la Chine, le grand ennemi régional. La géopolitique peut expliquer une partie de la faible contamination de l’Inde.

Fermeture des écoles

Le pays prend aussi d’importantes précautions sur son sol où les initiatives se multiplient à l’échelle des États : interdiction des rassemblements, fermeture des écoles et des centres commerciaux, consignes de sécurité répétées à chaque coup de téléphone…

Fait marquant, dans l’État de l’Andhra Pradesh – 50 millions d’habitants, presque la France – a décidé de reporter ses élections alors qu’un seul cas y a pour l’instant été détecté. À New Delhi, on désinfecte gratuitement les fameux rickshaws empruntés par de nombreux Indiens.

Fort de ces résultats, le Premier ministre Narendra Modi se pose en leader de la lutte contre le Covid-19 dans la région. Il a réuni dimanche les pays du Saarc, l’Association sud-asiatique pour la coopération régionale, pour discuter d’une stratégie et du lancement d’un fonds d’urgence. Il a royalement mis dix millions d’euros sur la table.

Certains experts relativisent cependant cette réussite. Les chiffres indiens sont à prendre avec des pincettes.  Nous avons testé un total de 7 000 personnes alors que la Corée du Sud en a testé plus de 250 000  , déplore dans le Huffpost India, le Dr Sundararaman, spécialiste des systèmes de santé au Tata Institute of Social Science.  De 52 centres de dépistages, il nous faut passer à 600 au plus vite , préconise le chercheur.

0,7 lit d’hôpital pour 1 000 habitants

Par ailleurs beaucoup d’Indiens, y compris le gouvernement, tablent sur les températures du printemps pour enterrer le virus. Un leurre pour le pneumologue Randeep Guleria, directeur du All India Institute of Medical Sciences.  L’impact du virus est aussi important dans des pays chauds comme Singapour que dans l’environnement froid des pays européens , rappelle-t-il dans Economic Times.

L’Inde est loin d’être à l’abri. On y compte seulement 0,7 lit d’hôpital pour 1 000 habitants selon l’OMS (contre 6 en France) et une densité de population extrêmement élevée, associée à d’importantes migrations internes. Si le coronavirus venait à exploser dans les quartiers populaires, l’Inde se retrouverait totalement dépassée. Les vertus thérapeutiques de l’urine de vache vantée par les fondamentalistes hindous seraient de peu d’aide.



        


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