Les castes en Inde


Qu'est-ce qu'une caste ?

La société indienne est divisée en castes, depuis la naissance de l’hindouisme en Inde. Les castes sont des groupes hiérarchisés. Une caste c'est une classe ou un groupe social, qui est important dans la société indienne, chaque hindous appartient à une caste, selon le milieu social ou il est né...Ce système de castes trouve son origine dans le Rig Veda, l’un des ouvrages fondateurs de l’hindouisme. Celui-ci définit quatre castes, natives de Brahmâ, le créateur de toute chose et donc l’incréé, de la plus élevée à la plus basse. Chaque partie du corps de Brahmâ donne une fonction à la caste :

▪ Les brahmanes, sortis de la bouche du créateur, il s’agit des prêtres et des enseignants. C’est la caste la plus élevée.
▪ Les kshatriyas, nés des bras du dieu, ce sont les guerriers, les princes et les rois.
▪ Les vaishyas, issus des cuisses de Brahmâ, sont les commerçants, les agriculteurs et les artisans.
▪ La dernière caste est celle des serviteurs, sortis des pieds du dieu, ce sont les shudras.
La cinquième classe de la société indienne est constituée par les intouchables, ou hors-castes. Ils sont appelés ainsi car ils ne seraient pas nés du corps de Brahmâ, mais de la terre. Ils portent aussi le nom de "dalit", signifiant opprimés. Ils représentent 25% de la population indienne, soit 300 millions de personnes.

L’explication historique du système des castes est la suivante : vers 1700 av J.C., les aryens venus d’Asie Centrale, envahirent le sous continent indien, mettant en esclavage les peuples conquis. Ils imposèrent leur religion, le védisme, qui évolua progressivement vers l’hindouisme.
 Les trois premières castes correspondent aux groupes issus des envahisseurs aryens, la quatrième, aux peuples de la vallée de l’Indus. Quant aux intouchables, il s’agit des descendants des non hindous du sud de l’Inde (les dravidiens).

On s’aperçoit que de la couleur de peau donne la caste. Les castes les plus élevées ont traditionnellement la peau claire, les castes les plus basses ont la peau plus foncée, car issues des populations originaires du Sud de l’Inde. C’est pourquoi on donne aux castes le nom de "varna" signifiant couleur en sanskrit.
 
Jadis, tout jeune Indien savait exactement quel serait son emploi quand il serait un homme, car celui-ci était décidé par son rang social, sa caste...
l'accroissement de l'éducation est en train de renverser ce genre de barrière, tout au moins en ce qui concerne le choix d'une profession, par exemple un intouchable, peut devenir homme politique s'il a bénéficié d'une bonne éducation. 

Mais en ce qui concerne les mariages le rang social est encore prédominant...car le système à encore une profonde emprise sur les hindous, certainement à cause de son aspect religieux...
Les hindous croient à la réincarnation (la croyance en l'immortalité de l'âme, qui ne meurt jamais et quitte le corps pour se retrouver sous une forme animale, végétale ou humaine selon la vie que l’on a eu, bonne on progresse, mauvaise on régresse, c’est le Karma) que les castes dans laquelle naît l'individu est la conséquence de sa vie passée...

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Castes et Pureté : 

Les castes ne sont pas une simple division de la société. Elles sont associées à la notion de pureté et de karma (cycle des causes et des conséquences lié à l'existence des êtres sensibles. Le karma est la somme de ce qu'un individu a fait, est en train de faire ou fera). En valorisant son karma, un hindou renaîtra dans une caste plus élevée et atteindra ainsi le nirvana c'est-à-dire l’immortalité auprès des dieux.
La caste la plus élevée et donc la plus pure, est celle des brahmanes. Ils sont donc les plus à même d’approcher les dieux et doivent pour cela se préserver de la "pollution" des castes inférieures. Un brahmane peut être pollué par le contact avec un intouchable.

La nourriture est particulièrement sensible à la pollution. La prise d’un repas est soumise à de nombreux codes. La nourriture bouillie est plus facilement polluée que la nourriture frite. Les brahmanes ne mangent que de la nourriture végétarienne. Les castes intermédiaires consomment du mouton et du poulet. Les intouchables peuvent manger indifféremment du porc et du bœuf. Les personnes de caste élevée ne peuvent accepter de la nourriture, ni de l’eau des castes inférieures. On mange uniquement de la main droite, qui est pure. Enfin lors d’un repas, des membres de castes différentes ne peuvent être attablés ensemble.

La main gauche est  impure et sert aux tâches comme la toilette…. La mort reste la plus grande source de pollution.

Jetés au bas de la société, les intouchables sont chargés des taches jugées impures. Ils sont bouchers, tanneurs, balayeurs, blanchisseurs ou enterrent les morts. Ils ne peuvent puiser de l’eau dans le même puits que les autres villageois. Même l’ombre d’un intouchable peut polluer un brahmane. Bizarrement, l’argent n’est pas une source de pollution. 

Et aujourd'hui ? 
 
Bien que les castes aient été abolies en 1948, l’idée d’appartenance à une caste est toujours très présente dans les esprits en Inde (lors d’un sondage 60% des personnes interrogées pensaient que les castes étaient la base de la société indienne).

Le système des castes rend la condition des intouchables particulièrement injuste. Considérés comme impurs, ils sont méprisés, humiliés, maltraités, voir même tués par les castes supérieures et sans possibilité de s’élever dans la société. De nombreux combats ont été menés pour les droits des intouchables, durant le XXe siècle et se poursuit au XXIème siècle. 

L’éducation, qui leur était interdite avant l’Indépendance de 1947, est ouverte à tous depuis 1950. Un intouchable, Kocheril Raman Narayanan, a pu être président de l’Inde entre 1997 et 2002. Enfin, 25% des postes dans la fonction publique, dans les collèges et dans les universités leur sont réservés.

Malgré l’abolition des castes, la discrimination liée à la pureté demeure bien présente dans les esprits. Encore aujourd’hui, les intouchables sont victimes de violences, de viols et poussés à l’exil. L’entrée de certains temples leur est toujours interdite. Ils se sont convertis en masse au bouddhisme, d’autres au christianisme pour tenter d’échapper à leur condition.

QUELQUES TEMOIGNAGES :
 
Ramu Beshnai avait l0 ans. Battu sans relâche par ses voisins, il est mort le 9 novembre 2003 dans le village d'Hasanganj, en Uttar-Pradesh, dans le nord de l'Inde. Son crime ? Avoir répondu aux insultes des enfants de « hautes castes» alors qu'il venait chercher de l'eau à un des six points d'eau du village, le seul réservé aux « intouchables ».
Dans ce village, six familles d'" intouchables " vivent à côté de quatorze petits propriétaires terriens de « hautes castes » et dix familles de travailleurs agricoles de « castes inférieures ». Les anciens des « hautes castes » ont administré la punition devant les six familles et malgré les supplications du père de l'enfant. Terrorisé, celui-ci n'a pas même porté plainte. Ce drame serait resté inconnu si une autre tragédie du même ordre ne s'était produite trois jours avant dans le même district, attirant la presse et, comme souvent en Inde, une enquête d'un groupe d'intellectuels en quête de justice pour les plus démunis.
 
Le 5 novembre, à Dostpur Shivii, un village de 1500 adultes, ce sont sept «intouchables» d'une même famille qui ont été brûlés vifs dans leur maison. Leur crime ? Avoir laissé deux de leurs chèvres paître sur les terres d'un paysan de « haute caste ». La mère de la famille a tout d'abord été insultée quand elle est venue à la recherche de ses chèvres. Le soir même, 200 personnes menées par le chef du village se sont rassemblées devant, la hutte des « coupables », menaçant de les expulser et de les battre. Les « intouchables » se sont enfermés dans leur maison. La foule l'a arrosée de kérosène avant de l'enflammer, piégeant ses occupants.
 
Ces « intouchables », qui vivaient là depuis vingt-trois ans après avoir payé 20000 roupies (450 dollars) le droit de s'installer, n'avaient toujours pas de cartes de rationnement ni de cartes d'électeurs, malgré, selon le témoignage de l'un d'eux, les nombreuses commissions payées aux officiels locaux pour obtenir ces droits, donnés par la Constitution. La police a arrêté onze personnes. Aucune, malgré les preuves accumulées, n'appartient aux « hautes castes ».
Ces deux exemples récents ne sont qu'une illustration des atrocités quotidiennes commises dans la «grande démocratie » indienne. Chaque jour, les journaux se font l'écho de terribles pratiques qui survivent au vu et au su de tout le monde.