LE PREMIER ENGAGÉ INDIEN ARRIVÉ À LA RÉUNION : UNE HISTOIRE FONDATRICE

L’histoire de La Réunion est marquée par une mosaïque de cultures venues des quatre coins du monde. Parmi elles, la communauté indo-réunionnaise occupe une place importante. Le point de départ de cette présence remonte à 1828, avec l’arrivée du premier engagé indien sur l’île. Ce moment clé de l’histoire réunionnaise marque le début d’une migration massive d’engagés sous contrat, principalement venus du sous-continent indien, pour travailler dans les plantations sucrières après l’abolition progressive de l’esclavage.


Contexte historique : La fin de l’esclavage et le besoin de main-d’œuvre

Au début du XIXe siècle, La Réunion, colonie française depuis 1638, prospérait grâce à la culture de la canne à sucre. Cette économie reposait largement sur l’esclavage. Mais face à la pression des mouvements abolitionnistes et à l’interdiction progressive de la traite négrière (en 1817, puis définitivement abolie en 1848), les planteurs réunionnais se trouvent confrontés à un manque de main-d’œuvre.

C’est dans ce contexte que naît le système d’engagisme. Il s'agit d'un contrat de travail volontaire, souvent abusivement encadré, qui recrute des ouvriers principalement en Inde, en Chine, à Madagascar et en Afrique.

L’arrivée du premier engagé indien : 1828

Le navire Le Saint-Alexis

Le 13 novembre 1828, le navire français Le Saint-Alexis accoste au port de Saint-Denis, à La Réunion. À son bord se trouvent 36 Indiens, principalement originaires du sud de l’Inde, de régions comme le Tamil Nadu (anciennement la présidence de Madras sous domination britannique). Ces hommes sont considérés comme les premiers engagés indiens officiellement enregistrés sur l’île.

L’un de ces hommes est souvent cité dans les archives comme le premier engagé indien à avoir mis pied sur le sol réunionnais, bien que son nom exact varie selon les sources (il n’est pas certain et pourrait ne pas avoir été correctement documenté). Il serait un Tamoul ou Malabar, appellation alors courante pour désigner les Indiens du sud.

Le profil des engagés indiens

Ces travailleurs étaient généralement issus de castes modestes et signaient des contrats d'engagement de cinq ans, souvent sans comprendre les termes exacts, en raison de la barrière linguistique ou du manque d'alphabétisation. Ils étaient promis à de meilleures conditions de vie, mais une fois à La Réunion, les conditions de travail s’apparentaient parfois à une nouvelle forme d’exploitation.

L’apport des engagés indiens à la société réunionnaise

Malgré les difficultés, une grande partie de ces engagés a choisi de rester sur l'île après la fin de leur contrat. Ils ont fondé des familles, construit des temples hindous, transmis leur culture, leur cuisine, leur langue (notamment le tamoul) et leurs traditions. Leur héritage est aujourd’hui encore vivant et vibrant dans la société réunionnaise.

On retrouve leur influence dans : La gastronomie (cari, samoussas, massalé…) La religion (temples tamouls, fêtes comme le Cavadee ou Dipavali) La musique (maloya indien) La toponymie (quartiers comme Petit Bazar, Camp Malabar…) L’arrivée du premier engagé indien en 1828 marque le début d’un tournant majeur dans l’histoire démographique, sociale et culturelle de La Réunion. De simples travailleurs sous contrat, les Indiens ont, au fil des générations, contribué à façonner l’identité de l’île, apportant avec eux une richesse culturelle inestimable.

Aujourd’hui, les descendants de ces engagés forment une part essentielle de la population réunionnaise, fiers de leur double héritage : celui de leurs ancêtres venus d’Inde et celui de leur créolisation sur le sol réunionnais.