Jusqu'à 51 degrés : l'Inde écrasée par la chaleur

Depuis plusieurs jours, l'Inde fait face à des températures qui dépassent les 50 degrés. Un phénomène aggravé par la sécheresse qui frappe le pays.


Le pays étouffe. Depuis plusieurs jours, le nord de l'Inde affronte une sévère vague de chaleur, le thermomètre ayant atteint un record de 51°C dans une ville de l'Etat désertique du Rajasthan, qui complique le quotidien d'un pays où des centaines de personnes meurent chaque année de la chaleur.

Ce record a été enregistré jeudi à Phalodi, à environ 600 km à l'ouest de New Delhi. Le précédent record remontait à 1956, avec une température enregistrée de 50,6°C dans ce même Etat du Rajasthan.

"Hier a été enregistrée la température la plus chaude jamais connue dans le pays, 51°C à Phalodi", a dit B.P. Yadav, haut responsable de l'India Meteorological Department.

2.400 morts en 2015

Des centaines de personnes meurent chaque année de la chaleur en Inde. Les températures dépassent régulièrement les 40°C dans le nord du pays en mai et juin, mois les plus chauds de l'année.

La chaleur avait tué plus de 2.400 personnes l'an dernier en Inde, l'une des vagues les plus meurtrières de son histoire récente.

Les services météo ont lancé une alerte en raison de la persistance de cette "forte vague de chaleur" pendant le week-end sur le nord et l'ouest de l'Inde, en particulier à New Delhi où la température a atteint 47°C cette semaine. Les animaux du zoo de la capitale ont pris des bains froids et ont reçu des solutés contre la déshydratation.

La consommation d'électricité a même atteint jeudi un nouveau record dans cette mégapole de 17 millions d'habitants, sous l'effet du fonctionnement à plein des appareils de climatisation.

Les policiers en poste aux carrefours ont aussi reçu des liquides anti-déshydratation et des "écharpes rafraîchissantes" spéciales contenant des cristaux pour abaisser la température corporelle, selon la presse locale. De leur côté, les hôpitaux de la capitale ont enregistré un pic de visites pour des coups de chaleur et des gastroentérites tandis que plusieurs Etats ont anticipé le début des vacances d'été en raison de la chaleur.

Les plus pauvres sont les plus touchés par la chaleur.

"Les sans abri souffrent le plus de la chaleur. Les hébergements d'urgence sont insuffisants et inadaptés" à Delhi, explique Sunil Kumar Aldelia, directeur du Centre For Holistic Development (CHD), spécialisé dans l'hébergement des sans-abri.

"Une centaine de ces centres sont en tôle, inadaptés aux fortes chaleur. Et ces centres manquent d'approvisionnement en eau potable, de ventilateurs et de sanitaires", ajoute-t-il, réclamant la mise en oeuvre d'un plan d'urgence.

Cette vague de chaleur survient au moment où l'Inde doit affronter une sévère sécheresse depuis plusieurs mois. Quelque 330 millions de personnes, soit un quart de la population est affectée par le manque d'eau après deux années de faible mousson. Des pénuries d'eau potables touchent plusieurs Etats et la faiblesse des précipitations a contraint à des mesures extrêmes, comme la surveillance des retenues d'eau par des gardes armés ou l'envoi de trains pour approvisionner en eau les régions les plus affectées.

Les services météo prévoient une mousson supérieure à la moyenne cette année, offrant un rayon d'espoir au secteur agricole qui fait vivre 60% de la population. Nombre d'agriculteurs ont été forcés de prendre le chemin des villes cette année pour travailler comme ouvrier journalier.

Mais elle ne devrait toucher le Kerala (sud) que le 7 juin, six jours plus tard que la moyenne, avant de s'étendre au reste du pays.
Grave sécheresse

Une alerte "vague de chaleur" est lancée quand les températures maximales atteignent 45°C, ou dépassent de 5°C la moyenne des années précédentes sur la même zone.

Au Gujarat (ouest), la principale ville Ahmedabad a enregistré sa température la plus élevée depuis 100 ans jeudi à 48°C.