Cavadee, entrer dans la mémoire de Muruga

Une leçon sur le sens de la famille. C’est là l’un des multiples enseignements de la fête Thaipoosam Cavadee, célébrée chaque année. Jour de l’étoile «poosam», du mois, «masam» de «thai».


Porter en offrande le Cavadee (tige de bambous avec à chaque extrémité un récipient de lait) c’est se prosterner aux pieds de Muruga. Pourquoi ? Le swami Ramesh Karthikeyan Gurukal,originaire de Bangalore et installé au Shree Sockalingum Menatchee Amenn, l’explique. 

Tout commence avec le dieu Shiva et la déesse Parvati, assis au «kailasam», une colline. Arriva un temps où des démons se réunirent sous la mer. S’engage alors une lutte entre Shiva et ces démons qui veulent enlever le «amrutam», une boisson qui donne l’immortalité, du plus profond des océans.  

Pendant la lutte, la première chose à émerger fut une mangue. «C’est pour cela que dans les prières ou la bénédiction d’une nouvelle maison, il faut qu’il y ait des feuilles de manguier.» La deuxième chose à sortir de l’océan fut la vache et le bananier vint en troisième. Avant que n’apparaisse le poison et l’«amrutam». 

Vint alors un sage, Narada Maharsi, qui offrit la première mangue au dieu Shiva. Qui lui même la donna à Parvati. «Mais une maman, avant de manger, elle partage avec ses enfants»,poursuit le swami Gurukal. Parvati et Shiva ont deux fils, l’aîné Ganesha et le cadet Muruga.

Mais voilà, Narada Maharsi explique que ce fruit ne peut pas être partagé, une seule personne doit en manger. Ainsi, Shiva imagine un test pour départager ses fils. Celui qui fera en premier, trois fois le tour du monde aura la mangue. Avant même qu’il ait terminé sa phrase, Muruga enfourche son paon et s’en va au grand galop.

Ganesh, dieu de la connaissance, réfléchit et interroge le sage sur le sens de «père et mère» et du monde. Ce à quoi le sage répond que père et mère représente le monde. Et voilà comment Ganesha, après avoir fait trois fois le tour de Shiva et Parvati,reçoit la mangue.

Au moment même où la mangue touche la paume de Ganesha, Muruga rentre de son tour du monde. En comprenant ce qui se passe, il entre dans une terrible colère, abandonne tous ses bijoux, ses beaux habits, ne gardant que son linge de corps. Il enfourche à nouveau son paon, quitte les cieux pour descendre sur terre.

Pendant ce temps, sur terre, un autre sage, Agatya Maharsi donne l’ordre à ses deux serviteurs Kadamban et Edamban, de lui ramener une colline. Ils se mettent en route, choisissent une colline et reprennent le chemin du retour. Mais comme c’est déjà le coucher du soleil, ils décident de passer la nuit sur place.

Au matin, quand Kadamban et Edamban veulent reprendre leur route, impossible de déplacer la colline. Ils l’escaladent donc, pour comprendre ce qui arrive. Au sommet, ils voient un bébé, avec la tête rasée, assis en méditation. Ils l’interrogent : «qui es-tu», avant de lui demander de descendre de la colline.

Mais le bébé – il s’agit de Muruga – affirme, «cette colline est à moi». Les deux serviteurs retournent auprès du sage et lui raconte ce qui s’est passé. Ce sage, qui a le pouvoir de connaître l’avenir leur explique alors que ce bébé est le fils de Shiva. Il demande donc à Kedamban et Edamban de retourner auprès de Muruga et de s’occuper de tout ce dont il a besoin.

En guise de nourriture, ils lui porteront un cavadee, une tige de bambous, avec un récipient de lait à chaque extrémité. Ainsi que du miel, des noix de coco, des fruits et de l’eau parfumée avec des fleurs écrasées. «C’est pour cela que l’on porte du lait en offrande à Muruga,pour avoir sa bénédiction. La morale de cette histoire nous montre que Muruga a laissé le fruit la mangue, «palam», pour un fruit encore plus grand, le «palani mallay», la colline, conclut le swami Gurukal.